A la rencontre de Jean-Christophe Milhet
Aujourd’hui, partons à la rencontre de Jean-Christophe Milhet, photographe de territoire, comme il aime se définir. Jean-Christophe a accepté de se prêter au jeu de mes questions et je vous propose donc d’en découvrir un peu plus sur ce photographe passionné. Vous pouvez également retrouver sont travail sur :
A la rencontre de Jean-Christophe Milhet

Bonjour Jean-Christophe,
Peux-tu te présenter en quelques lignes, comme photographe, mais pourquoi pas sur ta vie en dehors de la photographie ?
Je m’appelle Jean-Christophe (Jc) Milhet, j’habite à Perpignan, je suis – pour citer mon collègue Laurent Ferrière – un photographe de territoire – alternant presse et corporate majoritairement en Occitanie et Pays Catalan. Je suis pro depuis 2010 et après avoir travaillé avec 2 autres agences, j’ai rejoint en début d’année dernière, la plateforme Hans Lucas, qui diffuse mes images. Je travaille pour divers titres de presse comme Pyrénées Magazine, Géo, Libération, L’Humanité…etc… J’enseigne aussi à l’Université de Perpignan, dans les Diplômes Universitaire en Photojournalisme de Perpignan et Carcassonne. J’aime la montagne, l’actualité, et avant tout la photographie qui est plus une passion qu’un métier. 🙂

Peux-tu nous raconter comment la photographie est entrée dans ta vie ?
Alors là, ça fait tellement longtemps. Je dirai quelque part entre le moment où mon père m’a montré son bel AE1 tout neuf et ce paquet de lessive de ma grand-mère dans lequel se cachait un micro110… Bref, il y a quelques années. De fil en aiguille, de Canon en Leica, de film en film, ce n’est finalement qu’en 2013 que je suis définitivement passé au numérique.

Quelles sont tes spécialités photographiques ?
J’alterne entre presse et corporate ou plutôt entre presse d’actualité, presse magazine et illustration touristique. Je pratique donc le photojournalisme et le paysage. Le photojournalisme d’actu tel lors du mouvement social SNCF en 2018 ou des Gilets Jaunes en 2018/2019, sa version plus docu lors de reportage au plus long court ou de sujets plus typés territoire comme Néo (sur la néo-ruralité) ou Pikolet (sur les concours de chant d’oiseaux, en Guyane) et puis le paysage parce qu’il me permet de plus prendre mon temps comme lors des derniers portfolio que j’ai réalisé sur les châteaux cathares pour Pyrénées Mag’ ou sur les Pyrénées pour Géo. Mais pour résumé, c’est ça, le photographe de territoire, un peu tout ça.

Tes missions photographiques t’entraînent aux quatre coins des Pyrénées, mais y a t’il un endroit que tu affectionnes particulièrement ?
Toute les Pyrénées sont magnifiques, Le Pays Toy est fabuleux, le Lac de Gaube, la vallée d’Orlu aussi, mais s’il ne devrait y avoir qu’un seul endroit, je dirai le massif du Canigó. Pour l’attachement de coeur, bien sur, mais aussi parce qu’il est une des portes des Pyrénées et vu depuis Perpignan, il rappelle sans cesse que les montagnes ne sont pas loin, comme une invitation à l’évasion…

Dans tout ton matériel photo, as tu un objet porte bonheur, ou un objet qui t’est précieux ?
Malheureusement, je ne le sors plus beaucoup, mais j’adore mon Leica R8. Pour moi, c’est le boitier parfait. 2 boutons, 2 roues codées, un super viseur, tout en manuel, un film et c’est parti. Mais les commandes presses sont aujourd’hui tellement courtes en matière de dates de rendu que continuer de travailler à l’argentique est compliqué, il est donc sur une étagère, avec son 24mm… Je l’utilisais surtout avec de la Kodak E200 et ça m’a fait sourire, fin avril dernier quand j’ai vu que le magazine « Une Saison en Guyane » avait publié le photoreportage sur le Pikolet que j’avais réalisé il y a 7 ans avec ce couple boitier/film… Comme quoi, film’s not dead…

Où puises-tu ton inspiration (artistes, tes « maîtres à photographier », d’autres formes-expressions artistiques… ) ?
J’en citerai 3. Eric Valli pour cette image si belle, si propre et si pertinente. Chaque fois que j’ai eu l’occasion de découvrir un de ses livres ou photoreportages, ça a été une claque. Définitivement un des meilleurs, pour moi. A l’opposé, Stanley Greene, pour sa liberté de prise de vue, ce côté à la fois crade mais informatif, cette image dure mais tellement sensible… Et puis Georges Bartoli parce que c’est peut être lui qui a raison, le Capcir, c’est beau. Un grand photographe, que l’on cite trop peu en exemple et qui pourtant à tout fait, de la photo de guerre à la petit manif pour la sauvegarde de son train jaune, pour la simplicité et l’humanité de ses « chroniques d’en haut » et aussi parce que c’est un super bonhomme, avec lequel je suis très fier d’exposer cet été, à Carcanière (09), d’ailleurs. 🙂

Parmi tes photos, si tu ne devais en retenir qu’une seule, peux-tu nous présenter ta photo préférée et nous raconter son histoire?
Probablement ce portrait de l’ « Ours » de Saint Laurent, juste à la fin de sa préparation. La fête de l’Ours est une fête typique du haut d’une vallée des Pyrénées qui se nomme le Vallespir (66). Il existe 3 villages, Prats de Mollo, Arles sur Tech et Saint Laurent de Cerdans, qui font encore perdurer cette tradition. Chaque village à « son » ours et celui de Saint Laurent est assez impressionnant car il revêt une vrai peau d’ours. J’ai eu l’opportunité, il y a quelques années de suivre la préparation, l’habillement d’un ours, moment très particulier car l’heureux élu, au fur et à mesure de son habillement, se transforme littéralement en ours, on lit dans son regard à quel point c’est une fierté, a quel point il s’approprie le personnage. Ma chance, fut qu’une équipe de télévision australienne allait elle aussi assister à cette préparation et par peur d’une fenêtre très lumineuse, avait posé un drap noir derrière l’ours, il m’a donc juste fallu attendre le bon moment, la bonne expression et faire un simple clic. La définition de la photo comme je l’aime spontanée, au bon endroit au bon moment. 🙂

Quelle serait la prochaine photo que tu aimerais faire ?
Je n’en ai aucune idée. J’essaie de ne pas trop me projeter dans le rêve d’images uniques, on finit toujours par courir après CETTE image et on passe souvent à côté de choses tellement plus intéressantes. On verra bien, et puis c’est souvent quand on l’attend le moins que l’on se retrouve face à une image folle. Demain je dois illustrer un fait divers pour le Parisien – Aujourd’hui en France, j’imagine des images « vides » mais si il faut, cette prochaine image que j’aimerai faire sera là, devant moi… Qui sait.

Imagine que l’on te donne un crédit illimité, quel projet photographique, dingue ou plus sage, aimerais-tu réaliser ?
Ça, je sais. Et même si certains, l’on plus ou moins déjà fait, j’aimerai remonter le Maroni en Pirogue, de Saint Laurent à sa source, en allant à la rencontre des habitants de ses rives… Mais bon, les Pyrénées c’est beaux aussi.

Peux-tu nous raconter un de tes meilleurs souvenir pendant une séance photo et pourquoi pas également le pire ?
Le meilleur ? Je ne sais pas, peut être lorsque je travaillais sur les résidents des appartements de coordination thérapeutique (ACT) de l’association SOS, je devais réaliser une série de portraits et ce n’était pas facile, j’avais, en général, assez peu de temps avec chaque résident, chez eux, je savais que la plupart avaient des pathologies lourdes, vivaient avec très peu de moyens et étaient quelques fois réticent à ce qu’on les associent à tout cela, ce que je comprends totalement. Et ça créé une petite tension qu’il faut arriver à évacuer pour communiquer et obtenir une image qui nous convienne à tous les deux. Et puis… J’ai rencontré Nasser. Un type super. De quelques minutes, on a du passer près de 3h ensemble à discuter, échanger, je l’ai même revu quelques temps plus tard, malheureusement, il était déjà bien malade et nous a quitté peu de temps après, mais quel mec passionnant. Et comme il disait : « retiensI le meilleur ». Alors je retiens ces bons moments à écouter ses histoires.

Le pire c’est plus facile. l’été dernier j’ai suivi un groupe de cheminots qui avaient décidé de monter leur drapeau au sommet du Canigo pour l’accrocher à la croix sommitale, façon coup de com’, pendant leur long mouvement social. A mi-montée, mon genou a légèrement craqué et je me suis sectionner les deux ménisques du genoux gauche… Je n’ai jamais autant galèré mon monter là-haut, l’enfer. J’ai malgré tout pu prendre quelques photos avant de passer près d’un mois avec des béquilles… Un vrai régal.

Si tu devais faire découvrir un photographe peut être encore méconnu, et un seul, à BonPlanPhoto et à ses lecteurs, qui proposerais-tu ?
hum… Donc là, je fais un heureux pour pleins de déçus… Pas mal comme concept. Allez, vu que l’on vient de juger les soutenances de nos étudiants de la promotion 2018-2019, je dirai Lionel Pedraza parce que sa façon d’aborder son sujet sur Alzheimer m’a vraiment touché. Son image est intimiste mais en même temps distanciée, il a trouvé un bel équilibre qui est souvent le plus difficile à trouver dans ce type d’exercice.
Un dernier mot ?
Merci !
Merci Jean-Christophe
J’espère que tout cela vous aura donné envie de découvrir son travail. Bien évidemment si vous connaissez un photographe de talent, qu’il soit professionnel ou amateur, et que vous souhaitez le faire découvrir à la communauté de Bon Plan Photo, ou si vous voulez vous même vous prêter au jeu de l’interview, il suffit de me contacter.
J’ai créé bonplanphoto.fr en 2010 pour partager avec vous mes découvertes et petits trucs photographiques.
N’hésitez pas à me contacter pour toutes propositions de projets ou partenariats.